La Fondation de La Côte

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La Fondation de La Côte, une entreprise au cœur des mutations du système de santé

Jacques Charbon est directeur de la Fondation de La Côte pour l’aide et les soins à domicile et la prévention (FLC), laquelle administre les CMS de Morges, St- Prex, Aubonne, Rolle, Gland Ville, Gland Région, Nyon, Terre-Sainte, CMS24, les Espaces prévention de Morges et Nyon et CMS+ Logistique Santé à Etoy.Lire la suite...

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La FLC emploie 850 collaborateurs/collaboratrices, intervient auprès de 5 550 clients chaque année et dispense plus de 400 000 heures de prestations (soins infirmiers, soins de base, aide au ménage, ergothérapie, conseil social).

M. Charbon s’exprime ici sur les enjeux et défis auxquels est et sera confrontée la FLC.

Vieillissement démographique, pression sur les coûts de santé, priorité à l’ambulatoire, évolution des pratiques médicales et soignantes, nouvelles technologies, accessibilité accrue à l’information, sont autant de facteurs impactant fortement l’évolution de la FLC, qui devra, sur une période de dix ans, absorber le doublement de son activité.

À l’horizon 2030, comment le dispositif d’aide et de soins à domicile s’adaptera-t-il à ces changements profonds et majeurs ? Comment votre entreprise pourra-t-elle anticiper leurs impacts et s’y préparer ?

La proximité de la réponse des CMS et leur enracinement dans la société doivent être préservés et soutenus. L’ouverture en 2013 du CMS de St-Prex a permis de soulager le CMS d’Aubonne, dont l’avenir se dessine déjà sur un renforcement significatif des liens avec l’hôpital. Le CMS de Rolle quittera le château pour s’installer au cœur de la ville dès 2020. Le développement des synergies et des complémentarités avec nos partenaires hospitaliers et le corps médical est nettement favorisé. Ces redéploiements s’accompagnent d’une réflexion de fond sur une utilisation plus rationnelle des espaces, compte tenu de la capacité de travail en mobilité de nos collaborateurs/collaboratrices. De même, la taille des unités de soins est réinterrogée pour valoriser l’autonomie et la responsabilisation des professionnels et alléger les hiérarchies et les contraintes organisationnelles.

Dans quels secteurs d’activité l’aide et le soutien à domicile seront-ils plus particulièrement interpellés ?

Nous avons constaté que 6 % des patients mobilisent 40 % des ressources, présentant des caractéristiques complexes, et associant généralement polymorbidité et problématiques sociales. La gestion de ces situations doit être confiée à des professionnels spécifiquement formés et dédiés à la coordination performante des interventions et travaillant en étroite collaboration avec le médecin traitant. Enfin, soulignons l’importance de consolider les compétences en gériatrie.

En 2017, 2 500 sorties d’hôpital ont été orientées vers les CMS, dont plus de 60 % acheminées par l’EHC et le GHOL. Traitées dans un délai de deux heures, ces situations nécessitent que des soins techniques s’inscrivent dans une perspective d’hospitalisation à domicile. Or cela repose à la fois sur une forte mobilisation des acteurs médicaux et sur l’appui d’infirmières spécialisées (diabète, stomathérapie, plaies chroniques, antalgie, soins palliatifs, etc.).

On sait que 50 % des personnes de 65 ans et plus qui se rendent aux urgences sont hospitalisées. Ces hospitalisations sont-elles indispensables voire souhaitables pour ces personnes ? Une recomposition de la réponse aux urgences devient une priorité qui passe par une présence médicale plus forte à côté des équipes de soins à domicile et par une articulation renforcée avec l’expertise hospitalière.

Complexification des cas, technicisation des soins, hospitalisation à domicile et prise en charge des urgences à domicile sont autant de domaines de collaboration et de partage qui justifient la recherche d’une alliance novatrice et audacieuse entre le GHOL, l’EHC et la FLC, avec une volonté d’ouverture à une intégration de la médecine de premier recours.

La pénurie de personnel soignant observée tant en Europe qu’au Canada, pays traditionnels de recrutement, constitue un risque majeur de crispation du système de santé en Suisse. Quelle est la stratégie de la FLC pour s’attacher les ressources humaines que sa croissance impose ?

L’enjeu principal est centré sur la fidélisation des collaborateurs/collaboratrices. Avec 88 % de femmes, un âge moyen de 43 ans et un taux d’activité moyen de 60 %, la FLC doit garantir des conditions de travail motivantes et flexibles, permettant de conjuguer vie professionnelle et responsabilités familiales, pour conserver ses forces de travail précieuses en activité, contenir l’absentéisme et valoriser les investissements destinés à soutenir la formation. Maternité compliquée, éclatement de la cellule familiale, santé fragilisée par la pénibilité du travail à domicile ou par l’avancée en âge, engagement de proche aidant, toutes ces circonstances doivent être envisagées dans le cadre d’une relation de confiance propice à la recherche d’un projet personnalisé : adaptation des horaires, réduction du taux d’activité, réorientation, congé de prévention de l’épuisement, travail à distance, accompagnement et conseils, etc. C’est l’engagement que la FLC a scellé dans une Charte du collaborateur proche aidant, adoptée fin 2017.
La qualité du climat de travail au sein de l’entreprise, sa réputation, le bouche-à- oreille, l’activation des réseaux personnels des collaborateurs eux-mêmes donnent des résultats efficaces en termes d’intéressement de candidatures et de recrutement.

Toujours mieux informé et responsable, le patient se profile comme un citoyen et un acteur. Quelles opportunités représente ce partenariat entre le patient, les proches et les soignants ?

L’information transmise au patient est encore insuffisante, sur ses droits, l’utilité des directives anticipées dans la prise de décision des proches et des professionnels, les alternatives à l’urgence hospitalière, l’axe de la garde médicale. Des solutions existent pourtant : tablette électronique au domicile du patient, application simple pour les directives anticipées, disponibilités dans les services d’urgence, etc.

Les principales causes d’hospitalisation chez les personnes âgées sont les chutes, les insuffisances cardiaques et les infections pulmonaires. Une identification précoce des situations à risque permettrait d’agir préventivement et de définir en amont un plan personnalisé de santé. Cette approche suppose l’engagement du patient et le partage de l’information le concernant entre tous les intervenants. À cet égard, l’arrivée prochaine du dossier électronique, qui inclut le plan de soins et la médication, constituera une réelle avancée. L’adaptation de l’habitat et sa sécurisation sont des mesures qui profitent pleinement des nouvelles technologies.

En outre, l’isolement et la solitude sont des indications trop souvent négligées et ce, bien qu’elles puissent être à l’origine de problématiques de santé. Les communes peuvent jouer un rôle clé dans le renforcement du tissu social, du cercle relationnel solidaire et intergénérationnel : politiques de logement, création de quartiers associant sécurité et mobilité, soutien à la vie associative et à l’engagement bénévole.

Le patient citoyen et acteur trouve donc toute sa place.